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Transcripción realizada sobre el ejemplar de la Biblioteca Pública de Lyon, 322413. Digitalización disponible en
(texto completo)Encoding: Ioannis Mylonás Ojeda
Transcriptor: Manuel Contreras Jiménez
Sevilla, 9 septiembre 2022
De la Littérature
Je ne donnerai ici qu’une légere idée de la Littérature
Espagnole,
parce que je me propose d’en faire une histoire à part, & d’en examiner les diverses branches dans un ouvrage qui servira de suite à celui-ci. Je donnerai alors une notice exacte des anciens livres imprimés en Espagne, un catalogue raisonné des gens de lettres qui se sont distingués dans cette monarchie & qui l’ont illustrée ; je traiterai de la poésie, de l’histoire, des comédies, des romans & des auteurs mystiques ; j’ai déja rassemblé la plupart des matériaux qui me sont nécessaires pour ce grand ouvrage, & il suivra de près mes
Essais sur l’Espagne.
Je dirai simplement que les Espagnols avoient des
traductions
de Plutarque, de Séneque & des meilleurs
historiens
Grecs
&
Latins
avant la fin du
quinzieme
siecle, ce que
nous
n’avions pas: leur langue avoit déja fait de grands
progrès;
elle étoit
harmonieuse,
abondante, poétique. L’Espagne devoit cet avantage à
Alphonse
dit le Sage, qui en
1260
ordonna que toutes les chartres, les privileges & tous les actes publics seroient
traduits
du Latin en
Castillan.
Ce fut dans cette langue qu’il rédigea & fit composer
Las Partidas,
qui furent & qui sont encore en grande partie les
loix
du royaume; ce fut un des premiers ouvrages
imprimés:
il fit copier &
traduire
dans sa langue plusieurs manuscrits étrangers & comme Tolede étoit alors le centre du bon
goût,
& la ville où l’on parloit le mieux, lorsqu’il survenoit quelque difficulté, soit dans la prononciation d’un mot, soit dans son véritable sens, Alphonse ordonna qu’on eût recours aux puristes de Tolede.
Les Espagnols ont écrit
l’histoire
avec assez
d’exactitude
& de
simplicité;
on ne peut guere leur reprocher qu’un peu trop de partialité & de
vanité
nationale.
Un de leurs
meilleurs
historiens est le Père
Mariana,
son style est
admirable,
sa narration est ornée sans être enflée; il ne flatte ni les rois, ni sa nation: on l’accuse d’avoir, en certains endroits, altéré la
vérité
& de paroître trop crédule sur certains prodiges. Ce n’en est pas moins un très-bon historien; mais son histoire ne passe pas le regne de Ferdinand le Catholique. Son continuateur le Pere
Miniana,
est assez
estimé;
mais son ouvrage est
écrit
d’une maniere
rebutante
par
l’obscurité
& la
sécheresse
qui y regnent.
On fait beaucoup de cas des
chroniques
de
Ferreras
de Saavedra.
L’histoire de la Catalogne, par un évêque de Lerida, est écrite dans le
style
de Tite-Live.
Les
meilleurs
mémoires
qu’ait
produit
l’Espagne,
sont ceux du
marquis
de saint
Philippe
sur la guerre de la succession:
ils sont
exacts,
le
style
en est coulant & agréable: la
traduction
qu’on en a faite en François ne vaut pas à
beaucoup
près l’original.
L’histoire du Mexique, écrite par Antonio
Solis,
est
traduite
dans
tomes
les langues de L’Europe. Les Espagnols l’accusent d’avoir mis
trop
de fleurs & d’affectation dans son
style;
d’ailleurs, il s’éloigne quelquefois si fort de la
vérité
que son livre peut passer pour un roman. Cet auteur n’éroit pas philosophe, lors qu’il
dit
que les massacres exercés par les Espagnols, étoient tout autant de moyens dont Dieu se servoit pour convertir les infideles; on ne peut pas lire son histoire, quelque partiale qu’elle soit envers son héros Fernand Cortés & sa nation, sans être saisi d’horreur.
La conquête du Pérou, par Garcilasso de la
Vega,
est écrite avec beaucoup de
sécheresse
& sans
agrément;
mais elle est plus
exacte.
L’histoire générale des Indes, par le
Capitaine
Gonzalo
Hernandes
de Oviedo y Valdes,
gouverneur de la forteresse de saint Domingue,
imprimée
à Séville en
1535,
est écrite avec une
simplicité
admirable
& qu’on ne retrouve plus dans ce
siecle.
Le chapitre XIV de son histoire commence par ces mots remarquables.
«Pues
que tanta parte del oro de estas lndias ha passado a Italia, y Francia, y aun a poder assi mesmo de los Moros, y enemigos de España, y por todas las otras partes del mundo: bien es que como han gozado de nuestros sudores les alcance parte de nuestros dolores y fatigas, por que de todo o a lo menos por la una, o por la otra manera del Oro, o del trabajo, se acuerden a dar muchas gracias a Dios. Y en lo que le diere plazer o pesar se abracen con la patiencia de Job; que ni estando rico fue sobervio, ni seyendo pobre y clagado impaciente: siempre dio gracias a aquel soborano Dios nuestro muchas vezes, en ltalia me reya oyendo a los Italianos dezir el mal Fracez, y a los Francezey clamar el mal de Napoles: y en la verdad los uno, y los otros le acertaram, el nombre si le dixeran el mal de las Indias, &c.»
1
Un livre très-curieux sur les
Indes,
est celui qui est intitulé
de los veinte y un libros rituales, y monarchia Indiana con el origen, y guerras de los Indios Ocidentales, de sus poblaciones, descubrimiento, conquista conversion, y otras cosas maravillosas de la misma tierra:
Vingt
& un livres des rites & de la monachie Indienne, avec l’origine & les guerres des Indiens Occidentaux, de leur population, découverte, conquête, conversion & autres choses merveilleuses du même pays, en trois volumes in-fol. écrits par F. Jean de
Torquemada,
de
l’ordre
de saint
François.
Son ouvrage est
curieux,
en ce qu’il traite des Dynasties antérieures à la conquête, & des rois Mexicains qui ont précédé Montézuma. S’il nous a manqué des notions sur cette partie intéressante & longtemps inconnue du genre humain, la faute en est aux moines & au premier évêque du Mexique, nommé Don
Juan de
Cumarraga;
ils firent brûler les livres Indiens, qui étant écrits en caracteres hiéroglyphiques, furent pris par ces
ignorants
pour des dépôts d’idolâtrie.
Le nombre d’auteurs mystiques qu’a produit l’Espagne est prodigieux; un des plus
estimés
est
Fray
Louis
de Grenade.
Dans une bibliotheque Hollandoise, on avoit recueilli toute cette pieuse métaphysique sous ce litre,
Dialectica, eloquencia de los Salvages de Europe:
Dialectique des Sauvages d’Europe.
Les
Espagnols
ont sur-tout réussi dans les
nouvelles
galantes,
dans les fables & les fictions ingénieuses. Les Arabes leur
apprirent
l’art de conter, leur imagination fit le reste: ils nous ont sans doute
devancés
dans, ce genre, que nous avons depuis bien
perfectionné,
& ils sont restés au même point; mais leur Don
Quichote
se fera
toujours
lire avec
plaisir,
tant qu’il y aura chez les hommes de l’esprit, du
goût
& du
jugement.
L’Espagne a produit, sur-tout, beaucoup de
poètes;
mais la plupart sont
inconnus,
parce que leurs ouvrages; n’ont jamais été
imprimés,
& que ceux qui l’ont été sont devenus très-rares. L’Espagne travaille depuis quelques années à les faire connoître: les plus
estimés
sont
Ercilla,
Garcilasso de la Vega, Fray Luis de Leon, Quevedo, Lopes de Vega
&
Villegas.
Le plus ancien poëte Castillan connu est Gonzalo
Berceo,
né à Berceo,
moine
dans le monastere de saint Millan; il vivoit en
1211.
Le sujet d’un des poëmes qu’il nous a laissés est la de
vie
du glorieux Confesseur saint Dominique de Silos. Si vous voulez juger de son
style,
voici les deux premieres strophes de son Poëme.
En
el nombre del padre, que fizo toda cosa;
El de Don Jesu-Christo, fi de la Gloriosa,
El del Spiritu-Santo que egual dellos, posa
De un confessor sancto quiero fer una prosa.
Quiero fer una prosa en roman Paladino,
En qual suele el pueblo fablar a su vecino,
Ca no son tan lettrado por fer otro Latino,
Bien valdra, como creo, un vaso de buen vino.
2
Velasques
& le
fameux
Pere Sarmiento ont écrit sur
l’origine
de la poésie Castillane, & nous ont donné à ce sujet des
details
assez curieux. Je les ferai connoître lorsque je traiterai plus au long de la Littérature
Espagnole;
elle forme un corps assez considérable, où il y a peut-être plus
d’imagination
que
dans celle des
autres
peuples de l’Europe, mais peu de
raisonnement,
de
goût
& de profondeur; ces qualités tiennent à une certaine liberté & reviendront avec elle.
1.
Puisqu’une
grande partie de l’or de ces Indes a passé en Italie, en France & même au pouvoir des Maures & des ennemis de l’Espagne ; il est juste que, comme ils ont profité de nos sueurs, ils partagent aussi nos douleurs & nos fatigues ; afin que, soit à cause de l’or, soit par le moyen des souffrances, ils se souviennent de rendre graces à Dieu, & que dans le plaisir ou la peine, ils aient recours à la patience de Job, qui riche ne fut point superbe, & pauvre & malade, ne fut pas impatient, & rendit toujours ses humbles actions de graces à Dieu son souverain maître. J’ai ri plus d’une fois en Italie, lorsque j’entendois parler les Italiens du mal François, & les François du mal de Naples ; en vérité, les uns & les autres auraient mieux rencontré son véritable nom en l’appellant le mal des Indes.
2.
Au
nom du pere qui fit tout, & de Jesus-Christ, fils de la Vierge, & du Saint-Esprit qui est égal à eux, je veux faire la prose d’un saint confesseur.Je veux faire une prose en style Paladin, le même dont on se sert pour parler à la ville ; car je ne suis pas assez lettré pour employer d’autre latin, & à ceci me suffira, je crois, un verre de bon vin.
GRUPO PASO (HUM-241)
FFI2014-54367-C2-1-R
FFI2014-54367-C2-2-R
2018M Luisa Díez, Paloma Centenera